Chaque été, après la clôture officielle de la saison sportive, fixée normalement, hormis quelques exceptions, au 30 juin, commence illico presto une rude épreuve pour Amine Mougou, président de la commission coupe et championnat au sein de la FTF. Une véritable course contre la montre pour élaborer, ficeler et peaufiner un projet de calendrier pour la nouvelle saison qui débute dans les semaines qui suivent, dans un temps très court, voire réduit dans les semaines qui suivent, dans un temps très court, voire réduit avec, de surcroît, l’absence d’une grande liberté de manœuvre en raison des exigences et des pressions de toutes sortes. Chaque année, on se dit que cette année sera la dernière et qu’on va en finir avec les changements et les chambardements du calendrier en cours de compétition et qu’on va respecter à la lettre les dates établies à l’avance avec l’aval des clubs. Mais chaque année, il n’en est rien car on se retrouve confronté aux mêmes problèmes insolubles, aux mêmes tracasseries, au même dilemme et, donc, au même casse-tête chinois. Si, sur le papier, c’est possible, c’est même facile de mettre en place des dates bien précises et une feuille de route plausible, dans la réalité et dans les faits, ce n’est pas aussi aisé que cela. Personne n’ignore que le respect du calendrier est l’un des facteurs importants et un critère majeur pour évaluer la réussite d’une saison sportive et juger de la crédibilité de la compétition, mais tout le monde est impuissant et personne n’a la solution miracle. Il faut reconnaître, d’abord, que ce n’est pas la faute de la fédération à laquelle on ne peut pas faire le grief de n’avoir pas essayé et cherché la perfection ou de ne pas avoir de vrais spécialistes en la matière, doués et chevronnés, capables de tenir compte de tous les imprévus, de toutes les éventualités, de tous les aléas et des cas de force majeure. Car on ne modifie pas un calendrier pour le simple plaisir de le faire, mais, souvent, pour ne pas dire toujours, on le fait par obligation, en l’absence d’autres alternatives. Car, qu’est-ce qui est derrière le chambardement du calendrier de cette saison au point de discréditer un peu la compétition? Eh bien, c’est la participation massive de nos clubs en compétitions arabe et africaine, ce qui est quand même une source d’honneur et de fierté surtout que l’Etoile a été sacrée champion arabe et a raflé la jolie somme de 20 milliards, que l’Espérance est à la veille d’une finale en Ligue des champions africaine et que l’ESS et le CSS ont atteint les demi-finales de la coupe de la CAF.
Cette perturbation record cette année de notre championnat national est un peu la rançon que nous payons, sans le moindre regret,de ce joli record en matière de sacres, de consécrations et de performances même avec leur goût d’inachevé de nos clubs que des pays de l’Unaf (Algérie, Maroc, Egypte et Libye), pour ne citer que les plus proches de nous, nous envient.
C’est tout le football tunisien qui est gagnant et c’est ce qui explique pourquoi l’intérêt général doit primer avec des sacrifices qui ne sont rien par rapport au bilan nettement positif et flatteur de ces participations qui ont engendré tout le remue-ménage du calendrier.
Ne pas jeter l’éponge
Mais ce n’est pas une raison quand même pour abdiquer et ne pas continuer à trouver des solutions pour stabiliser et crédibiliser notre championnat car la majorité silencieuse de nos clubs souffre largement des coupures et des trêves improvisées et forcées qui ne sont pas à leur programme et dont ils paient parfois chèrement le prix. Au cours de ces périodes creuses, la température monte dans le camp des joueurs et avec elle la grogne et les entraîneurs doivent se creuser les méninges pour meubler le vide, maintenir la forme, la pression, le rythme en cherchant des stages et des matches amicaux, ce qui n’est pas toujours facile en l’absence de compétition officielle et de rentrées d’argent. A chaque fois, ils sont obligés de repartir presque à zéro dans la préparation.
Chaque équipe a ses moments forts en championnat comme elle a des temps forts dans les matches et passe par des moments faibles et des périodes de passage à vide, voire de vaches maigres. Ainsi, on aurait eu affaire, à coup sûr, à titre d’exemple, à un autre match CAB-ESS de la 21e journée s’il s’était joué en son temps, avec ces jours fastes que vit l’Etoile requinquée par son titre de champion arabe et ces jours sombres des Cabistes épousant une chute vertigineuse après une ascension fulgurante et 15 matches de rêve. Le même constat vaut aussi pour le match EST-SG avec des «Sang et Or» qui ont le vent en poupe à 10 jours d’une finale de Champions League et des Gabésiens au creux de la vague, avec un moral pratiquement à plat, eux qui sont sur le point de mettre un pied en Ligue 2. Si en haut du tableau, la supériorité de l’Espérance est indiscutable et son avance incontestable, il en est autrement dans la queue du peloton où le raisonnement «compétition un peu faussée» peut tenir, vu que l’accumulation des matches en retard a un peu changé la donne et quelque peu influencé le bas du classement. Tout le monde est donc d’accord pour arrêter «l’hémorragie» des matches en retard en cascade qui discréditent la régularité de la marche de la compétition et touchent à un principe fondamental : celui de l’égalité des chances surtout à la fin du parcours quand des clubs, bien positionnés au milieu sans ambition pour le haut du tableau et sans craintes pour le bas de l’échelle, peuvent lever le pied sur l’accélérateur, céder soit à la complaisance dans certains matches sans enjeu pour eux soit à la nonchalance. Il faut imposer une règle d’or et la respecter coûte que coûte : pas plus d’un match en retard et une journée de championnat ne peut être jouée qu’une fois la journée qui précède a été entièrement liquidée. Un pari qui n’est pas impossible si le championnat commence tôt et finit tôt. Les deux trêves principales, celle de l’été et de l’hiver, seront ainsi plus longues et permettront aux joueurs de souffler et d’observer la période de repos nécessaire et aux clubs et aux staffs techniques de ne pas planifier sous pression et dans l’incertitude. Cela passe inéluctablement par la programmation progressive de deux matches par semaine dès la phase aller pour éviter ce cumul des rencontres à la fin alors que le temps presse et que la CAN est à peu près dans un mois. On peut commencer par l’alternance (semaine à une journée puis semaine à 2 journées et ainsi de suite) pour que ça ne soit pas trop brutal et qu’on s’y habitue à la longue.
Hédi JENNY